Thérapie interpersonnelle pour la dépression

La thérapie interpersonnelle, ou TPI, est un traitement ciblé de courte durée pour la dépression. Des études ont montré que l’IPT, qui aborde les problèmes interpersonnels, peut être au moins aussi efficace qu’un traitement à court terme par antidépresseurs pour les formes légères à modérées de dépression clinique. Développé à l’origine pour traiter la dépression chez les adultes, il s’est avéré efficace pour traiter la dépression chez les adolescents et est couramment recommandé comme traitement de la dépression chez les enfants.

Les événements entourant les relations interpersonnelles ne provoquent pas la dépression. Mais la dépression survient dans un contexte interpersonnel et affecte les relations et les rôles des personnes au sein de ces relations. En abordant les questions interpersonnelles, la thérapie interpersonnelle de la dépression met l’accent sur la façon dont les symptômes sont liés aux relations d’une personne, y compris sa famille et ses pairs.

Les objectifs immédiats du traitement sont une réduction rapide des symptômes et une amélioration de l’adaptation sociale. L’objectif à long terme est de permettre aux personnes atteintes de dépression de procéder elles-mêmes aux ajustements nécessaires. Lorsqu’elles peuvent le faire, elles sont mieux à même de faire face aux symptômes dépressifs et de les réduire.

Quelles sont les idées derrière la thérapie interpersonnelle pour la dépression?

La thérapie interpersonnelle est un traitement basé sur le manuel. Cela signifie que le thérapeute respecte strictement un processus de traitement dont l’efficacité est soutenue par des preuves.

Selon la Société internationale de thérapie interpersonnelle, la dépression comporte trois composantes.

  • Formation des symptômes
  • Fonctionnement social
  • Questions de personnalité

La TPI est une option de traitement à court terme qui consiste généralement en 12 à 16 séances hebdomadaires d’une heure. Le thérapeute se concentre sur les problèmes identifiables dans la façon dont un individu interagit ou n’interagit pas avec les autres. Lorsque ces problèmes sont traités, le patient réalise un bénéfice dans son expérience des symptômes.

Sauf pour vérifier leur sévérité et l’effet des différents traitements, les symptômes ne sont pas abordés lors des séances de thérapie. Au lieu de cela, le thérapeute travaille en collaboration avec le patient, soit individuellement, soit en groupe, pour identifier puis traiter un ou deux problèmes significatifs dans leurs interactions. Le nombre de problèmes abordés est délibérément limité à un ou deux pendant toute la durée du traitement. Il en résulte une concentration intense sur la manière d’apporter les ajustements nécessaires dans les situations interpersonnelles qui permettront de réduire les symptômes de la dépression.

Les types de problèmes abordés se répartissent en quatre catégories :

Les disputes ou conflits interpersonnels. Ces disputes surviennent dans le cadre conjugal, familial, social, scolaire ou professionnel. Les disputes émergent d’attentes divergentes par rapport à une situation. Ils deviennent un problème qui doit être abordé lorsque les conflits qui découlent des attentes entraînent une détresse importante.

Transitions de rôle. Les circonstances changeantes, qu’elles soient liées au développement, qu’elles découlent de changements dans le travail ou le milieu social, ou qu’elles résultent d’un événement de la vie ou de la fin d’une relation, exigent des adaptations de la part de l’individu. Dans le cas de la dépression, ces changements sont ressentis comme des pertes et contribuent à la dépression.

Le deuil. Dans l’IPT, le deuil est l’expérience de la perte par la mort. Le deuil devient un problème lorsqu’il est retardé ou devient excessif au point de durer au-delà du temps normal du deuil.

Déficits interpersonnels. Il s’agit du patient qui fait état d’un  » appauvrissement  » de ses relations personnelles, soit en nombre, soit en qualité.

En se concentrant sur les problèmes de ces catégories, le thérapeute peut aider la personne dépressive à apprendre à faire les ajustements nécessaires pour régler le problème interpersonnel et améliorer ses relations.

Quel type d’ajustements pourrait-on faire grâce au TPI pour résoudre les problèmes interpersonnels ?

Pour les problèmes impliquant des disputes interpersonnelles, le thérapeute travaille avec le patient pour définir la gravité du problème en termes de difficulté à le dépasser. Par exemple, il peut y avoir un conflit entre le mari et la femme qui découle des tentatives de la femme d’être plus indépendante. Le thérapeute guidera le patient, dans ce cas le mari, dans un effort pour découvrir les sources du malentendu. Ensuite, le thérapeute pourrait utiliser des approches de résolution de problèmes, une formation à la communication ou une autre technique pour permettre au patient de résoudre le conflit d’une manière qui n’aggrave pas les symptômes de la dépression.

Dans les problèmes de transition de rôle, le thérapeute aide le patient à déterminer les différences entre l’ancien et le nouveau rôle. Puis, ensemble, ils s’attachent à identifier exactement ce qui cause les difficultés et travaillent à trouver une solution au problème.

Pour les questions liées au deuil, le thérapeute facilite le processus de deuil pour aider le patient à le dépasser. Deux techniques importantes utilisées pour ce faire sont :

  • L’écoute empathique, qui fournit un soutien et un exutoire sûr pour les sentiments du patient
  • La clarification, qui est une technique pour aider le patient à examiner ses propres idées fausses sur la situation

Pour les déficits interpersonnels, le thérapeute travaillera avec le patient pour explorer les relations passées ou la relation actuelle que le patient a avec le thérapeute. L’objectif est d’identifier les schémas, tels que l’excès de dépendance ou l’hostilité, qui interfèrent avec la formation et le maintien de bonnes relations. Une fois ces schémas identifiés, l’accent est mis sur leur modification. Ensuite, avec les conseils et l’aide du thérapeute, le patient est incité à nouer de nouvelles relations et à appliquer les ajustements thérapeutiques qui ont été faits.

Au fur et à mesure des séances, le thérapeute diminue progressivement son niveau d’intervention. L’objectif est que le patient s’auto-intervienne davantage et fasse davantage ses propres ajustements. Cela devient plus facile avec le temps, et la capacité du patient à s’auto-intervenir continue de s’améliorer après la fin des séances, n’atteignant souvent un pic que trois à six mois après la fin de la thérapie.

Quel est le processus de la thérapie interpersonnelle ?

La thérapie interpersonnelle se déroule généralement lors de séances d’une heure, généralement hebdomadaires, qui se poursuivent pendant 12 à 16 semaines. Selon la gravité de la dépression, les séances peuvent se poursuivre pendant quatre semaines supplémentaires ou plus.

Si vous étiez traité pour une dépression par une thérapie interpersonnelle, les premières séances, généralement d’une à trois semaines, serviraient à évaluer votre dépression, à vous orienter vers l’objectif et le processus de la TPI, et à identifier les questions ou les problèmes interpersonnels spécifiques que vous avez. Ensemble, vous et le thérapeute créeriez un dossier de vos problèmes interpersonnels, les classeriez, et décideriez quel(s) problème(s) vous semble(nt) le(s) plus important(s) à aborder en ce qui concerne votre dépression.

Au moins les huit séances suivantes seraient axées sur la résolution de ces problèmes — les comprendre davantage, chercher des ajustements que vous pouvez faire, puis appliquer ces ajustements. Tout au long de cette partie de la thérapie, le thérapeute utiliserait un certain nombre de techniques différentes, dont entre autres :

  • La clarification, qui a pour but de vous aider à reconnaître et à dépasser vos propres biais dans la compréhension et la description de vos problèmes interpersonnels.
  • L’écoute de soutien.
  • Le jeu de rôle.
  • L’analyse de la communication.
  • L’encouragement de l’affect, qui est un processus qui vous permettra d’éprouver des sentiments et des émotions désagréables ou indésirables entourant vos problèmes interpersonnels dans un environnement thérapeutique sûr. Lorsque vous le faites, il devient plus facile d’accepter ces sentiments et émotions comme faisant partie de votre expérience.

L’ensemble des séances sera axé sur la résolution des problèmes identifiés. Il est difficile pour certaines personnes de s’y habituer — en particulier celles qui sont familières avec des approches plus traditionnelles, ouvertes et introspectives de la thérapie. Il vous faudra peut-être plusieurs semaines avant que votre propre centre d’intérêt principal ne se déplace vers l’approche IPT.

Un autre aspect important du processus IPT est l’accent mis sur la fin de la thérapie. Dès le début, le patient est conscient que la thérapie est définie par une durée limitée. Au cours des quelque quatre dernières semaines de thérapie, les séances se tourneront vers les questions de terminaison.

Avec l’IPT, la fin de la thérapie est considérée comme une perte que doit vivre le patient. On vous demandera donc de réfléchir à ce que cette perte signifie pour vous. Quelles questions soulève-t-elle, et comment pouvez-vous appliquer les ajustements interpersonnels que vous avez appris à faire au cours de la thérapie pour évaluer et surmonter cette perte ? L’idée est que le patient devienne plus conscient de sa capacité à gérer les problèmes interpersonnels qui l’ont empêché de gérer activement les symptômes de la dépression.

La TPI peut-elle fonctionner dans un contexte de groupe ?

L’application de la thérapie interpersonnelle à la thérapie de groupe présente plusieurs avantages. Premièrement, les membres du groupe ont l’occasion d’apprendre en observant ce que les autres membres du groupe apprennent. L’apprentissage se fait également par un processus de modélisation des ajustements et du comportement des autres membres du groupe. Il y a également plus d’occasions de voir différents types d’interactions et d’associations interpersonnelles. Celles-ci peuvent aider l’individu à mieux comprendre les diverses approches d’ajustements interpersonnels.

Avant de vous joindre à un groupe, vous auriez une ou deux séances individuelles afin de vous familiariser avec le processus de groupe. Vous utiliseriez également ces séances pour identifier le ou les deux problèmes interpersonnels sur lesquels vous voudrez vous concentrer pendant la thérapie.

Dans un premier temps, le groupe passerait par un processus d’engagement. Il s’agirait d’identifier les objectifs communs et l’orientation commune du groupe. Le thérapeute faciliterait ensuite l’établissement par le groupe d’une approche collaborative. Ensuite, les membres du groupe se différencient et trouvent comment travailler sur leurs problèmes individuels. Au cours de cette deuxième phase, des conflits sont susceptibles d’apparaître et des partenariats ou des alliances de se former.

Au fur et à mesure des séances, le centre d’intérêt de chaque personne serait abordé et le thérapeute et les autres membres du groupe aideraient cette personne à apprendre à ajuster son approche des problèmes. Le thérapeute pourrait suggérer un jeu de rôle ou un brainstorming pour aider à trouver la bonne intervention. Il peut aussi suggérer une formation à la communication entre les membres du groupe. Lorsqu’un conflit survient entre les membres du groupe, le thérapeute leur permet souvent de le résoudre eux-mêmes tout en servant de médiateur pour aider à éviter une négativité ou une critique excessive.

Comme pour la thérapie individuelle, la fin de la thérapie est une partie importante du processus. Il y a toujours le même sentiment de perte, et les membres du groupe sont invités à se confronter à cette perte et à prendre conscience de l’évolution de leurs propres ajustements et de la façon de les utiliser pour gérer les symptômes qui peuvent apparaître à la fin des séances.

Que se passe-t-il après la fin de la thérapie interpersonnelle ?

Parce que la dépression est parfois un état récurrent, et parce que certaines personnes peuvent connaître de multiples récidives, les patients sont encouragés à compléter la TPI par un entretien continu. L’entretien prend la forme de séances mensuelles au cours desquelles les ajustements effectués pendant le TPI à court terme sont renforcés. L’objectif est d’éviter que le stress lié à l’augmentation des interactions sociales ne conduise à de nouveaux épisodes de dépression, et d’aider la personne à continuer à fonctionner au moins au niveau où elle se trouvait à la fin des séances régulières.

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